Jorge Camacho
Jorge Camacho (1934, La Havane - 2011, Paris)
Dès 1950 il découvre les écrits de Breton, Péret, Éluard, Lautréamont et les tableaux de Tanguy, Miró et De Chirico. Il fait la connaissance du sculpteur Cárdenas et décide de se consacrer à la peinture. De 1953 à 1956, voyage au Mexique, avec le peintre José Luis Cuevas pour étudier les oiseaux. En 1959, il s’installe à Paris et retrouve Cárdenas. En 1961, Camacho rencontre André Breton qui l’invite à la « XIe Exposition Internationale du Surréalisme » en 1965. Il participe en 1967 au Salon de Mai qui est organisé à La Havane. Il y rencontre l’écrivain contestataire Reinaldo Arenas dont, avec sa femme Margarita, il fait sortir clandestinement de Cuba les manuscrits qu’il fera éditer après la mort d’Arenas. Il rompt alors définitivement avec le régime castriste dont il dénonce publiquement le caractère dictatorial et policier. De 1972 à 1981, la galerie de Seine à Paris et la galerie Jan Krugier à Genève organisent plusieurs expositions personnelles de Camacho avec des catalogues préfacés par Vincent Bounoure, Joyce Mansour, René Alleau... Celles-ci se poursuivront : tant à Paris, galerie Maeght en 1982, préface de Jacques Dupin ; galerie Thessa Herold en 1996, préface de Yves Peyré et en 2003, préface d’Emmanuel Guigon ; qu’au Pérou, au Maroc, en Belgique, en Suisse, en Espagne, au Venezuela, et aux États-Unis. À partir de 1980, Jorge Camacho a partagé son temps entre Paris et l’Andalousie dans la province de Huelva.
Bien que ses origines caribéennes et espagnoles qui confèrent à sa peinture un style occulte aient une influence sur sa peinture, c'est sa rencontre avec la poésie et la pensée surréaliste, la découverte de l’art précolombien et sa conscience d’utopiste qui seront les plus décisives. Ce sont d’ailleurs les raisons pour lesquelles Camacho fut conduit à se libérer de la tradition picturale occidentale. Ayant un goût prononcé pour le paradoxe, son langage pictural, nourrit de codes, de symboles revisités, de métaphores, se prête difficilement à l’exercice d’élucidation - auquel il s’oppose d’ailleurs. Le tableau n’est plus seulement une image, mais le lieu de passage d’une pensée à la recherche de quelque chose de l’au-delà du monde. En associant peinture, poésie et alchimie, Jorge Camacho dévoile un lieu de déséquilibre entre le réel et le mental, où s’illumine l’acte de perception. Ses peintures pourraient illustrer des fables ambiguës, sans pourtant renvoyer à aucune histoire déterminée, mais en s'ouvrant à des associations imprévues, à des égarements et à des surprises du regard où l'humour est rarement absent. Selon lui, l’art a pour vocation de mettre l’homme en contact avec ses forces essentielles.